Comme “Ma Pomme” est une auto-désignation qui vaut pour n'importe qui, conclure ma proposition par «N'importe quelle Pomme! Mais spécialement Ma Pomme» revient à dire: n'importe qui mais spécialement n'importe qui. J'ai probablement expliqué le choix du titre de ce blog dans quelques billets, je vais le faire de manière plus précise ici. Ça remonte à quelque temps déjà. En avril 2017 j'ai décidé d'avoir un réel site personnel, c'est-à-dire un espace de stockage de données et de logiciels avec un serveur Web autonome. Avant ça je disposais certes d'espaces de stockage mais avec une maîtrise limitée, là j'ai tout à faire, y compris la gestion du serveur Web. C'est son seul caractère réellement personnel. Enfin, le seul de mon point de vue. À mon jugé je ne suis pas ou ne suis que rarement auteur, mes idées, même celles de mon invention, je les trouve dans l'air du temps; mes mots, je les trouve dans les langues que l'on m'a données; mes images je les trouve dans la réalité, que j'en sois le créateur ou le simple éditeur. Bref, réputer un site que je maintiens comme personnel, et y placer des © et des ™ et des DR (droits réservés) m'a toujours paru fallacieux. J'ai donc réfléchi au nom que je pourrais donner à ce site qui par son nom visible, son URL, correspond à mon nom d'état-civil, ce qui suffit bien à le situer comme “personnel”. Et j'ai trouvé ceci: Ma Pomme. Avec comme sous-titre «C'est plus ou moins moi...». Le site de Ma Pomme, autant dire le site de n'importe qui.

M'abonnant à Mediapart, je découvre que ça donne droit automatiquement à un “blog personnel”. Pas très personnel cela dit puisque son contenu appartient à Mediapart. Si ce n'est encore fait, je vous conseille de lire les «Conditions générales d'abonnement au Journal Mediapart », pour y vérifier que la liberté de contribution est une liberté conditionnelle et réversible, comme le mentionne cette section:

«V. Modifications des conditions générales

Mediapart se réserve la possibilité d'adapter ou de modifier à tout moment les présentes CGU/CGV. Les nouvelles conditions générales seront, le cas échéant, portées à la connaissance de l'Utilisateur par modification en ligne».

D'autres passages de ces conditions indiquent que les contenus créés par les abonnés sont supprimables, modifiables ou réutilisables au seul jugé du propriétaire, Mediapart; même sans ma disposition propre, cette difficulté à estimer personnel notre bien commun, l'air du temps, et notre instrument commun, les moyens de communication, d'évidence ce blog n'est pas le mien, il appartient à Mediapart. Raison pourquoi j'ai repris le nom du site que je maintiens sur mon serveur Web personnel: «le blog de Ma Pomme», donc le blog de n'importe qui. J'en suis le rédacteur et l'éditeur, sans plus.

Donc, l'Être Humain Universel. Puisque c'est Ma Pomme c'est n'importe qui et même, tout le monde. Chaque humain est universel – une universalité très limitée, cela dit, qui n'excède pas le petit segment d'univers accessible aux humains – donc dire que c'est Ma Pomme relève du constat. Cela dit, ça me décrit plus précisément parce que j'en ai conscience, ce qui n'est pas le cas général. Je veux dire: pour moi qualifier tous les humains de semblables est un fait et non une hypothèse, ce qui induit que tout humain est universel car semblable à tout autre humain. Il m'est arrivé dans un ou deux billets de me définir “homosexuel” en modérant le propos, pour moi les “rapports intimes” ne se limitent pas à cet organe, je me définirais plus proprement “homosensuel”; ça a rapport au sens du premier formant, “homo”: en latin comme en grec on a trois mots pour spécifier l'espèce et ses deux ensembles principaux, homo, hominem, est le mot qui désigne l'espèce et correspond au grec anthropo; le mot pour l'ensemble des humains masculins est vir, celui pour l'ensemble des humains féminins est femina; un “homosexuel” est donc un humain qui est “sexuellement” attiré par les humains, ce qui est mon cas, sinon j'ai une prédilection pour les humains de l'ensemble féminin, et même une préférence exclusive pour cet ensemble. Au passage, j'ai pris d'assez longue date une bonne habitude, quand je parle de mes semblables je les qualifie d'humains, réservant le mot “hommes” aux seuls humains de l'ensemble masculin puisque depuis environ deux mille ans le mot latin pour l'espèce a fini par désigner le seul ensemble masculin; “humain” est un mot récent permettant justement de résoudre cette difficulté du double sens de “homme” qui désigne à la fois l'espèce et la moitié masculine de l'espèce – une manière d'inscrire dans la langue le présupposé culturel qu'un homme vaut deux femmes ou qu'une femme est une moitié d'homme: un homme peut dire de sa femme qu'elle est sa “moitié” mais non une femme que son mari l'est, il est au contraire son “tout”...

L'être humain universel (je laisse tomber les majuscules, une forme ironique pour une expression qui l'est déjà en soi) est donc n'importe quel membre de l'espèce, la société, en tout cas la mienne, la société française de 2020, le précise d'ailleurs solennellement dans sa Constitution, «au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d'asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés». Ouais je sais, ça ne figure pas dans le texte de la Constitution de 1958 mais dans son préambule elle précise que «le Peuple français proclame solennellement son attachement aux droits de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946», la précédente citation est la première phrase du préambule de la Constitution de 1946, donc elle fait partie du texte de la Constitution actuelle. Ce qui relativise la portée du retrait du mot “race” dans l'article premier de la Constitution actuelle: même dans leur souhait maladroit de réécrire la réalité, je ne crois pas que nos gouvernants iront jusqu'à charcuter un texte historique pour le plier à l'idéologie dominante de l'heure. Soit dit en passant, réécrire la réalité est une tâche difficile et en général impossible: pour supprimer un mot du texte de la Constitution il faut une loi qui mentionne l'acte, donc le mot. C'est un peu et même beaucoup comme les damnatio memoriae : promulguer un loi qui condamne à l'oubli une personne en la nommant c'est garantir que celle-là précisément on ne l'oubliera pas. De toute manière, ce genre de procédés relève de la pensée magique, apparemment nos gouvernants semblent croire qu'en effaçant un mot on effacera la réalité associée, le racisme – sensiblement, ce ne fut pas le cas puisqu'en 2020 le mot est proscrit mais la chose se pratique, sous d'autres noms et voilà tout...

Je suis à titre personnel un être humain universel pour d'autres raisons, en premier mon savoir universel: je ne connais pas tout sur tout mais j'en connais beaucoup sur beaucoup, ce qui me permet aisément de comprendre une réalité jusque-là inconnue pour moi, j'ai tellement d'éléments de comparaison à disposition qu'il me faut assez peu de temps pour comprendre et interpréter un savoir nouveau. Ça me permet aussi, d'ailleurs, de déterminer très vite si ce qu'on me présente comme nouveau l'est réellement. Pour exemple, la notion de démocratie: elle est certes assez ancienne dans son acception actuelle, qui émergea au cours de la deuxième moitié du XVIII° siècle, mais la confusion entre cette notion et celle de république est plus récente, environ un siècle en cette année 2020, et mit un certain temps à s'imposer puisque ce n'est qu'après la deuxième guerre mondiale que les républiques qui s'établirent entre les XVII° et XX° siècles se qualifièrent de démocratiques, y compris celles qui ne se qualifièrent pas de républiques, tel le Royaume-Uni.

Mes lectrices et lecteurs habituels le savent déjà, selon moi les mots n'ont pas de sens, donc je fais comme tout le monde, je leur en attribue un de manière arbitraire. Mais raisonnée. Ma méthode est simple: déterminer le moment où des notions apparaissent et sont nommées, et retenir les définitions qui sont admises par tous les acteurs sociaux concernés, qu'ils soient partisans ou opposants de ces notions. À la fin du XVIII° siècle les entités politiques qui se définissent comme républicaines associent ce terme à un type de régime où la fonction de chef de l'État est élective, à temps compté, non héréditaire et principalement d'apparat, c'est “le représentant de la nation” et sauf circonstances précises il n'a aucune fonction exécutive. Ce que dit du Royaume-Uni est une opinion personnelle motivée par des considérations non consensuelles donc je dirai, quoi que j'en pense, que ce n'est pas une république, reste que les institutions actuelles de cet État sont celles qui ont émergé pour l'essentiel entre ce qu'on y nomme la «première révolution anglaise » et la «Glorieuse Révolution »; sauf sur la question du chef de l'État, et encore, ça n'est pas si clair, à la fin du XVIII° siècle le régime correspond à ma description, et cette différence est secondaire puisque, de fait à cette époque, de droit au début du XIX° siècle, le chef de l'État est surtout d'apparat, très secondairement a-t-il un rôle politique, par contre la charge est censément héréditaire mais nécessite l'approbation du Parlement et exclut certains possibles successeurs qui sont en contradiction avec la charge, notamment les catholiques puisque le chef de l'État est aussi chef de l'Église anglicane. Quoi qu'il en soit, une chose est certaine, pas plus que les autres entités politiques de l'époque ce ne fut ni ça n'est une démocratie. Et sur cela tous les acteurs sociaux du XIX° siècle s'accordaient. Je ne développerai pas, je le fais dans d'autres billets, et en outre de bons auteurs, beaucoup plus notoires donc plus crédibles – je veux dire: qui ont un crédit social supérieur au mien – l'expliquent aussi, la république n'est pas un régime mais un mode d'organisation des pouvoirs, elle est compatible avec pas mal de régimes et au tournant des XVIII° et XIX° siècles les initiateurs de changements de régimes s'entendirent dans une large majorité pour une organisation républicaine mais se divisèrent sur le régime à mettre en place; les partisans de la démocratie furent dans tous les cas en minorité, et sauf de courtes périodes, ne parvinrent jamais à s'imposer comme composante principale d'alliances de gouvernement jusqu'à ce jour. Si on parle de nos jours des régimes organisés en républiques ou en monarchies parlementaires comme étant des “démocraties” c'est par le processus courant, en changeant le sens des mots, les opposants à la démocratie ne pouvant définitivement éliminer ses partisans, a changé le sens du mot pour en faire, au XX° siècle, le synonyme de “république”, résultat, si on se dit opposant à un régime oligarchique réputé républicain on se fait taxer d'anti-démocrate...

Donc, un savoir universel. Ça aide à ne pas être trop sensible à la propagande. Ça n'aide pas à s'en préserver, cela dit. Ainsi que précisé dans un récent billet je suis un être profondément social, ce qui est cohérent avec mon affirmation: un être humain universel est nécessairement très social puisque tous les humains sont ses semblables. Du fait, je suis assez conformiste quand il faut l'être, et même si je n'accepte pas l'idéologie dominante je la respecte puisque c'est le choix majoritaire; je la respecte au minimum mais je la respecte. Par exemple, j'ai renoncé à voter quand dans une élection j'ai le sentiment d'avoir le choix entre la peste et le choléra. Un jour j'ai entendu une personne notoire donc supposément crédible, la nommée Christine Ockrent, expliquer à la radio qu'entre la peste et le choléra il faut choisir. Ouais. Entre mourir gonflé par les bubons ou mourir vidé de sa substance je ne vois pas où est le choix, dans les deux cas on meurt. Christine Ockrent est probablement un être humain universel mais en version basique, question savoir, elle est assez loin de l'universalisme, sinon elle saurait ce que signifie ce lieu commun: «Expression qui exprime le dilemme que représente le fait de devoir choisir entre deux choses totalement différentes mais qui finalement sont aussi mauvaises l'une que l'autre». Entre la peste et le choléra il ne faut donc pas choisir mais simplement se préparer au pire, que ce pire vous tue par le haut ou par le bas il vous tuera. Je le mentionnais dans un autre billet, elle fit cette brillante déclaration en évoquant le cas d'une élection où on devrait choisir entre un candidat Lepéniste et un candidat Mélenchonien, la conclusion implicite étant qu'il fallait choisir le candidat “France insoumise”, un mouvement dont elle venait tout juste de nous expliquer que son programme politique était aussi catastrophique que celui du “Front national”. Son propre choix, implicite lui aussi mais d'un implicite avec des gros clins d'œil, était d'opter plutôt pour la méningite ou la tuberculose, pour un candidat Macronien ou Fillonien, au prétexte qu'on a des vaccins ou des médicaments disponibles, mais oubliant au passage l'existence des souches résistantes aux traitements ou préventions...