Le point que je relevais dans ce billet est l'incohérence d'utiliser un système en réseau comme s'il était un système en toile. On a deux objets, Internet proprement dit, qui est l'infrastructure, et le World Wide Web, qui est la superstructure. Par après je parlerai du Net et du Web. Comme leurs noms anglais l'indiquent, le Net est un réseau, le Web est une toile. En fait, plusieurs toiles, et plus ou moins plusieurs réseaux, mais peu importe. D'un point de vue fonctionnel on doit disposer des deux structures, d'un point de vue effectif la seule structure réelle est le Net.

L'organisation matérielle et logicielle de l'ensemble ressemble assez à l'ensemble des réseaux de circulation, réseaux routiers, réseaux ferroviaires, voies navigables, voies aériennes – fonctionnellement les voies navigables et aériennes sont aussi des réseaux mais sans nécessairement de réseau matériel, un aéronef ou un bâtiment maritime suivent en général des voies mais elles ne sont pas matérialisées. Un réseau est un ensemble de mailles et de nœuds, quand une voie en croise une autre, il y a un nœud, un carrefour. Quand on se déplace sur le réseau routier on a rarement l'opportunité d'aller en ligne droite de son point de départ à son point d'arrivée, et assez souvent on passe d'une voie à une autre à un point précis, un carrefour. Comme l'on dit, tous les chemins mènent à Rome, ce qui signifie qu'on a plusieurs options pour aller d'un point à un autre, ce que proposent par exemple les logiciels qui permettent de planifier un déplacement, notamment avec les options “les plus rapide” et “le plus court”. Pour des trajets assez courts les deux parcours sont assez peu divergents, pour des longs trajets, le plus rapide peut parfois être significativement plus long, par exemple, avant l'époque maintenant relativement ancienne où furent construites des autoroutes traversant le Massif Central, si on souhaitait aller de Montpellier à Bourges, le trajet le plus court faisait environ six cent kilomètres, celui le plus rapide environ neuf cent kilomètres, et le plus rapide, constitué principalement d'autoroutes et de voies rapides, était significativement plus rapide que le plus court, constitué principalement de petites nationales, de départementales et de vicinales, pour une bonne part des routes en lacets. Le choix entre les deux trajets dépend de beaucoup de paramètres, certains objectifs, d'autres subjectifs, d'autres encore circonstanciels.

La “liberté de circulation” n'est pas la même selon les réseaux que l'on parcourt, pour diverses raisons et en tout premier les risques encourus: sans dire que ça n'ait aucune conséquence pour ceux qui le subissent, on comprendra qu'une collision entre deux automobiles a un niveau de gravité bien moindre qu'une collision entre deux avions ou deux trains, raison pourquoi avions et trains doivent impérativement suivre les voies qu'on leur impose (pour les trains il y a de toute manière une contrainte native) à la vitesse qu'on leur impose et, pour les trains, en respectant les arrêts qu'on leur impose, tandis que les véhicules routiers ont dans l'ensemble moins de contraintes, nonobstant une moindre liberté selon les types de voies – on a beaucoup moins de contraintes sur des petites départementales que sur des autoroutes et des voies rapides.

Les réseaux informatiques sont structurellement comparables aux réseaux de circulation, ils ont aussi leurs vicinales, leurs nationales, leurs autoroutes, leurs voies aériennes, et même certains sous-réseaux structurellement comparables aux réseaux ferrés, des réseaux privés parfois très étendus assez autonomes et faiblement reliés au réseau global interconnecté.

Et cœtera. Voir précédent billet, surtout la conclusion.